↬ Néologisme (de François), vol. 3

Capitalien, Capitalienne : n. (de l’espagnol capitalino, 2015) Gentilé, avec Stadaconien et Stadaconienne, des habitants de la ville de Québec.

Les Capitaliens aiment la poutine.

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Affiche - Samedi 14 mars : Appalaches, The Babyface Nelsons, Rhino, Echoes from Jupiter @ Le Cercle

↬ En studio

Echoes from Jupiter à l'AgitéE (photo de Guillaume Turgeon) (Merci à Guillaume Turgeon pour cette photo)

Quand je joue de la basse avec les gars d’Echoes from Jupiter (post-rock bio, artisanal et sans gluten de Québec), il n’est pas rare qu’un d’entre nous (transparence totale : c’est généralement moi) s’exclame «réalisez-vous qu’en tant que musiciens amateurs, nous avons accès à une technologie d’enregistrement qui aurait laissé les Beatles bouches bées?»

Je ne dis pas ça pour montrer que je suis un nerd de tout ce qui est Beatles : je trouve vraiment cela incroyable que nous puissions utiliser des ordinateurs simples pour créer des enregistrements multipistes aussi complexes. J’en ai brièvement parlé quand j’ai écrit sur un de nos concerts (que nous avons enregistré avec trois iPhones), mais permettez-moi d’élaborer sur ce que nous avons fait depuis ce spectacle.

En gros, nous avons composé et testé en concert quelques nouvelles chansons. Comme vous savez peut-être, «chansons» n’est pas exactement approprié pour ce que nous faisons. Nous ne travaillons pas avec des paroles, ni avec des couplets et des refrains. Nous nous fions à nos notes et nos mémoires pour la structure de nos mouvements.

Des notes cryptiques

La meilleure façon que nous avons trouvée est d’enregistrer à peu près la moitié de tout ce que nous faisons en répétitions pour pouvoir tout écouter à la maison. D’ailleurs, même si j’écouterais volontiers presque n’importe quel enregistrement oublié en studio de mes artistes préférés, je ne souhaite à personne une écoute exhaustive de ces enregistrements longs et de faible qualité!

Après ces répétitions, nous nous sommes entendus sur des structures pour chaque pièce, avec des progressions d’accords, des arrangements et des tempi (pour certaines pièces, nous avons essayé plusieurs variations à plus ou moins 5 BPM). Ces décisions ont été consignées officiellement sous la forme de guides audios enregistrés avec des micros abordables et une interface de son semi-professionnelle.

Mathieu enregistre des guides audio...

Avant de poursuivre, il me faut dire que Steve n’est pas seulement vraiment bon avec Logic Pro, mais il est aussi très motivé quand il travaille sur notre matériel. Il a donc pris ces guides et les a poli en y ajoutant des métronomes et des signaux pour que nous puissions nous retrouver quand nous allions enregistrer les vraies pistes.

Nous avons la chance de pouvoir compter sur un ami de Steve, le producteur Dave Boisvert, pour nous aider à enregistrer l’album dans son superbe studio maison. Mathieu a été le premier à y aller : il n’a eu besoin que de deux soirées pour enregistrer chaque son de batterie qui allait être sur l’album.

... puis ses vraies pistes.

Avec un aussi bonne base, j’ai moi aussi pris deux soirées à enregistrer mes pistes de basse. En tant que musicien amateur, je crois qu’il s’agissait d’un des moments les plus stressants (en excluant les concerts) de ma «carrière» : avoir à jouer parfaitement des pistes que j’ai moi-même composées devant les gars en sachant que chaque erreur nous prendrait du temps à réenregistrer et à corriger. Ça et la honte de ne pas avoir assez pratiqué à la maison. En tous cas, je crois que ça a bien été.

J'enregistre mes pistes de basse.

Je ne veux absolument pas laisser entendre qu’enregistrer une batterie est facile, mais après ma guitare basse (assez facile, vu que je n’utilise qu’un préampli branché directement dans la console), l’enregistrement de la guitare de Mathieu était un petit défi. Il utilise beaucoup d’effets et se fie sur les sons naturels de son ampli, ce qui implique que le processus nécessite plus de soins afin d’isoler les sons des humains dans la pièce (pas bons) et ceux qui sortent de son ampli (bons).

Mathieu enregistre ses pistes de guitare.

J’écris ces mots en écoutant quelque chose de très spécial : une première ébauche très, très brouillonne des enregistrements de basse et de batterie en studio (avec certaines pistes de guitare). En voici, exclusivement pour vos oreilles, un petit extrait :

Entendre dans cet état embryonnaire ces pièces que nous avons passé des mois à jouer, composer, modifier, réorganiser et ajuster est rafraîchissant et particulier. Je ne peux m’empêcher d’y ajouter, dans ma tête, les pistes de Steve et de Mathieu, mais je suis quand même poussé à revenir à la base de ces chansons : leur structure, leurs accords qui changent légèrement tout au long et les fameux rythmes de percussions que Mathieu a modifié pendant des semaines.

On dirait que nous allons y arriver, après tout. On dirait que cinq ans, finalement, c’était le temps qu’il nous fallait.

Nous avons décidé de l’appeler Kosmonavt.


Le problème avec le post-rock est que, pour la plupart des gens, c’est un goût acquis. Je ne vais pas vous rabattre les oreilles avec «ce qui ne passe pas à la radio», mais il y a quand même un fond de vérité.

Quand nous avons lancé Europa, en 2010, nous ne savions pas qui allait l’aimer. Nous avons été ambitieux en termes de promotion, de temps (l’album fait plus d’une heure) et de concept (les titres des chansons racontent une histoire complexe). Nous avons essayé de faire entendre l’album aux médias qui s’intéressent à la musique indépendante et au post-rock. La scène indépendante du Québec nous a beaucoup encouragé (quelqu’un dans un magasin indépendant a décidé de faire jouer l’album en boutique, ce qui a poussé une critique du Devoir à en écrire une critique).

Nous avons vendu Europa sur iTunes et dans d’autres boutiques en ligne, mais une des choses qui, selon moi, a eu le plus d’impact est que nous l’avons piraté nous-même : dès que nous avons vu, sur un forum, quelqu’un qui cherchait un torrent d’Europa, nous l’avons mis en ligne et partagé. De toutes façons, croyions-nous, nous ne pouvions le vendre dans le monde entier, alors aussi bien le faire entendre partout!

Autrefois très populaire, le service en ligne Last.fm a encore une fonction très intéressante appelée Scrobbling : avec l’aide d’un plugiciel, il détecte ce que ses utilisateurs écoutent (même avec une autre application) et le partage en ligne. Comme vous pouvez le voir sur notre page d’artiste, des gens de partout dans le monde ont écouté Europa. Voir des Allemands et des Russes apprécier notre oeuvre est très excitant; c’est, en soi, un succès.

Notre portefeuille commun n’est pas d’accord, toutefois : nous n’avons pas vendu beaucoup d’exemplaires d’Europa. Ce n’est pas très grave, puisque nous avons tous de bons emplois, mais ça nous pousse à poser une question : comment devrait-on vendre notre prochain album? Devrions-nous en faire imprimer des CD?

Pour Kosmonavt, nous avons décidé d’essayer quelque chose de nouveau : nous ne savons pas combien de gens voudront en acheter une copie et quel format ces gens préfèreront. Imprimer des CD n’est pas une petite dépense que nous voulons faire à la légère. Nous sommes donc de notre temps et essayons de le sociofinancer par le biais d’IndiegGogo.

La campagne de financement commence aujourd’hui. Si vous avez lu cet article jusqu’à la fin, je vous invite à aller jeter un coup d’oeil à notre page de financement, à partager ce lien et à nous aider à réaliser notre nouvel album!

↬ In Studio

Echoes from Jupiter at l'AgitéE (photo by Guillaume Turgeon) (Thank you Guillaume Turgeon for this picture.)

When I play with Echoes from Jupiter (fine, artisanal, single-barrel post-rock from Québec), it’s not unusual for someone (full disclosure : usually me) to exclaim “isn’t it amazing that we amateur musicians get to play with recording tech that would have flabbergasted The Beatles?”.

I’m not only saying this to prove that I’m a huge Beatles geek : I find it truly awe-inspiring that we can use simple computers to create multitrack recordings. I briefly touched on this when I talked about one of our shows (which we self-bootlegged with three iPhones), but allow me to elaborate on what we’ve been up to since this concert.

Mainly, we have composed and stage-tested a few new songs. As you know, “songs” is quite a misnomer for what we do. We don’t work with lyrics, nor with verses and choruses. We rely on scribbled notes and on our memories to structure movements.

Cryptic notes

The best way we found of working things out is that we tape about half of what we do during jam sessions and have a listen at home. As much as I’d listen to almost any studio outtakes of some of my favourite artists, I don’t wish an exhaustive listening session of these long, low quality recordings to anyone.

After a lot of these jam sessions, we settled on structures for each song, complete with chord progressions, arrangements and tempos (for some tracks, we tried five or six different variations of five BPM increments). These decisions were rendered official when we recorded them on audio guides recorded with a prosumer audio interface and cheap microphones.

Mathieu recording his audio guides...

Before going further, let me say that Steve is not only really good with Logic Pro, he’s also extremely motivated when he’s working on our material. He then proceeded to edit these guides to add clicks and other audio cues so as to help us when we’d record the real tracks.

With the help of Steve’s friend, the producer Dave Boisvert, we were able to use a well-furnished home studio to record. Mathieu was the first one to go : he took only two nights to record every drum sound that would be on the album.

... then his real tracks.

Now that we had a solid basis to play on, I also took two nights to play my bass tracks. As an amateur musician, I think that was the most stressful non-concert moment of what I can call a “career” : having to play perfectly a part that I composed in front on the guys, knowing every mistake meant having to spend more time to re-record or to edit later. That and the feeling of shame from not having rehearsed enough individually. Anyway, I think I did OK.

Me recording my bass tracks.

I don’t mean to say that recording drums is easy, but after my bass guitar tracks (fairly easy : I only used a preamp that was fed directly in the console), Mathieu’s guitar parts were quite a job. He uses a lot of effects and relies on natural sounds from his amp, so the recording process implied more care in isolating the sounds produced by human bodies in the room (bad) and those coming out of his amp (good).

Mathieu recording his guitar tracks.

As I write these words, I’m listening to something really special : a very, very rough mix of Mathieu’s drum parts and my bass tracks, along with some of Mathieu’s guitar parts. Here’s for your ears only, a really short preview :

To hear the songs we’ve spent months and months jamming, composing, altering, reorganizing and tweaking in such an new, embryonic state is refreshing and perplexing. My mind can’t help but silently overdub the tracks with what I remember Steve’s and Mathieu’s other guitar parts to be, but I’m drawn back to the core of the songs : their basic structures, their chord progressions, ever so slightly changing throughout the song, and the creative drum patterns Mathieu agonized over for so long.

It seems we’ll get this done, after all. It seems that five years will have been the right amount of time to work on this.

The title of this album will be Kosmonavt.


The thing with post-rock is that, for most people, it tends to be an acquired taste. I won’t blabber for long about “the things you don’t hear on the radio”, but there is a truth to it.

When we released Europa in 2010, we didn’t know who would like it. We went big (promotion-wise), we went long (time-wise) and we went arcane (song-title-wise). We tried to get post-rock and indie outlets to give us a listen. Québec’s independent scene has provided us with amazing encouragements (someone at an indie record store decided to play the album in the shop, which led a critic from Le Devoir to review it).

We sold the album through iTunes and other online stores, but I think that a small thing that made a difference is that we pirated it ourselves : as soon as we read on a forum that someone asked for a torrent of Europa, we uploaded and seeded it. Either way, we thought, there was no way we could get the world to buy it, but they might as well give it a listen!

Once-leading streaming service Last.fm has this cool little feature named Scrobbling : thanks to a plugin, it detects what its users listen to (even with another app) and shares it on the Web. As you can see on our artist page, people from everywhere in the world listened to Europa. Seeing people from Germany and Russia enjoying our album is a real thrill. In this way, we think it’s a success.

Our collective wallet disagrees : honestly, we didn’t sell a lot of copies of Europa. This isn’t that bad, as we all have good day jobs, but it begs the question : do we try, for the next one, to print CDs?

For Kosmonavt, we’d like to try something : we don’t know how many people will want to have a listen. We don’t know how many people will want to buy it, and what format these people would prefer. Printing hundreds of CDs is not a small enough bet for us to take lightly, unfortunately. So we’re doing this the 2010s way : we’ll try to crowdfund our new album using IndieGogo.

The campaign launches today. If you’ve made it through this long article, I invite you to take a look at the campaign, share this post and the campaign link to friends and help us get this album done!

↬ Qui a besoin d’un titre en 2015?

Quand j’ai appris à lire, dans les années 1990, j’ai remarqué un étrange motif dans la dénomination de certaines entreprises : certains propriétaires y ajoutaient «2000» pour signifier un certain avant-gardisme. Évidemment, tous n’ont pas pu effectuer les démarches de renommage en 2001 et ont vu leur raison sociale devenir un signe de nostalgie.

(Petit gars, j’ai aussi passé beaucoup de temps à convoiter les jeux vidéo dans les boutiques spécialisées. Je peux donc souligner que la franchise ChessMaster a su se dépêtrer en nommant les épisodes suivant «2000» comme si l’année de calendrier n’avait jamais eu aucun rapport.)

Toute cette histoire pour dire que, contrairement à ces mal-pris de l’an 2000, le titre de ce carnet change chaque année («Une tradition depuis 2013», comme le clame le slogan de la Brasserie Générale).

En ce début du mois de janvier, alors que je fais passer le titre de mon carnet Web de «Qui a besoin d’un titre en 2014?» à «Qui a besoin d’un titre en 2015?», je repense à ce qui part une fois la dernière page du calendrier arrachée.

En 2014, j’ai continué à publier, ici, au sujet de ma passion pour l’Histoire. Mes billets sur les jeux de carte Encyclopédie (achetés avec David et Didier à la place d’un sitar) et Histoire du Canada (merci Perras!) m’ont permis de parler à plein de gens fascinants à propos desquels j’écrirai, avec un peu de chance, très bientôt ici.

Mon principal intérêt «académique» reste toutefois la science politique. En 2014, j’ai eu l’occasion de présenter mon essai sur le contrôle parlementaire à la Société québécoise de science politique (grâce aux encouragements de Joëlle et en excellente compagnie de Benjamin et de Marie-Lise). Je travaille encore sur ce sujet (plus à venir en 2015!), mais je suis surtout en train de peaufiner mon véritable projet de recherche pour mon essai de maîtrise. Les choses vont bon train de ce côté, alors j’ai hâte de pouvoir en parler plus ici aussi.

En 2014, j’ai très souvent eu des écouteurs dans les oreilles pour écouter des baladodiffusions (dont mes favorites sont compilées ici pour Didier) pour une raison fort simple : j’ai couru mon premier marathon. C’était une drôle d’idée : mon entraînement a été un peu trop léger, les conditions météo ont été accablantes et la pile de mon téléphone a lâché avec 15 kilomètres à faire. Je suis quand même content de mon temps officiellement sous les cinq heures. J’aimerais, en 2015, en courir un «pour vrai», dans les meilleures circonstances possibles.

Depuis la sortie d’Europa (qui est toujours en vente à un prix avantageux) en 2010, les gars d’Echoes from Jupiter (Mathieu, Mathieu, Steve et moi) sommes impatients de faire entendre au reste du monde nos nouvelles compositions dont j’ai parlé ici cette année. Depuis novembre 2014, cependant, les choses se bousculent : nous avons terminé les maquettes de notre nouvel album et avons quelques séances de studio derrière les cravates. Le début de 2015 sera consacré à d’autres enregistrements dans l’espoir de voir notre nouvelle galette lancée au milieu de l’année!

Visiblement, ces projets d’écriture, de recherche, de course et de musique n’ont pas été suffisants pour moi en 2014. En compagnie de la meilleure coéquipière du monde (Anne, bien sûr), nous avons entamé le plus important projet de notre vie : Béatrice. Cette petite terreur apparue en 2014 nous comble d’émotions et s’assurera que notre année 2015 sera haute en couleurs!

Béatrice

Merci à tous d’avoir fait de 2014 une année incroyable, bonne année 2015 et à très bientôt!