↬ Jeu de cartes sur l’Histoire du Québec

Après la publication de mon billet sur les jeux de cartes Encyclopédie, un ami (dont je salue les néologismes à l’occasion) m’a signalé qu’il était tombé sur un jeu de cartes similaire. Il avait eu le même réflexe de les numériser et souhaite aussi les partager; les voici donc en format PDF.

La lecture de ces cartes, dont les seules identifications sont «Édité par les Clercs de St-Viateur, 1263, rue Saint-Dominique, Mile End, Qué.» et «Enregistré conformément à l’acte du Parlement du Canada, l’an mil neuf cent sept, par les Clercs de Saint-Viateur, au Ministère de l’Agriculture.», nous plonge dans un récit particulièrement éditorialisé de l’Histoire du Québec de la Nouvelle-France à 1890 :

[Q:] Pourquoi les compagnies, sous le régime français, ont-elles été peu avantageuses pour le Canada? [R:] Parce qu’elles négligeaient les intérêts de la colonie.

[Q:] Les Canadiens étaient-ils justifiables de se révolter en 1837? [R:] Non, ils devaient continuer à se servir des armes constitutionnelles.

[Q:] Quel gouverneur montra beaucoup de faiblesse dans un traité avec les Iroquois? [R:] M. de la Barre.

[Q:] Quels malheurs la Providence a-t-elle épargnés aux Canadiens-Français, en les faisant passer sous la domination anglaise? [R:] Les horreurs de la révolution.

[Q:] Quelle injustice capitale consacrait l’Union des deux Canadas? [R:] L’égalité de la représentation.

D’après la collection du Centre d’Histoire de Montréal, les Clercs de St-Viateurs (site Web officiel, article Wikipédia) ont aussi produit un jeu de cartes sur la géographie du Canada. Comme nous l’apprend un article signé par Daniel Baril dans le journal Forum de l’Université de Montréal en mars 1997, ils avaient l’habitude de rendre leur enseignement ludique :

On retrouve d’ailleurs, dans la quarantaine d’objets exposés, une quinzaine de cathéchismes et de manuels d’histoire sainte. Le clou de l’exposition appartient du reste à cette catégorie: le bingo catéchistique! Les Clercs ont en effet produit cinq variantes d’un jeu-questionnaire portant sur les sacrements, la messe, la prière, les commandements et les vérités à croire.

Au lieu de donner des chiffres comme au bingo, le meneur de jeu pose des questions relatives à ces thèmes et l’élève qui a la carte avec la bonne réponse place un carton sur la case. Le haut des cartes de jeu porte l’inscription «Instruisons-nous joyeusement».

L’ouvrage Les Catéchismes au Québec, 1702-1963 témoigne de cette propension des communautés religieuses québécoises à utiliser le jeu et le format question-réponse pour propager leur message (dont l’exemple le plus connu est sans doute le Petit Catéchisme).

Hormis l’intérêt évident de la lecture de ces questions, qui brossent un fascinant portrait de l’enseignement de l’Histoire de l’époque, ce jeu m’oblige à modérer ce que je disais plus tôt; sans vouloir recaler l’abbé Étienne Blanchard, il semble que ses jeux de cartes Encyclopédie s’inscrivent dans une tendance bien plus grande.