↬ Chaque chose en son temps

Parallèlement à mes expérimentations avec le hasard), mon groupe Echoes from Jupiter a continué son travail sur son prochain album (attendu en 2020!). Pour une des pièces (dont le titre de travail est Citra, ce que je ne peux qu’approuver), un défi particulier s’offrait à moi : une introduction où la guitare se fond progressivement en une pulsation d’un tempo donné.

Mon premier réflexe a été de recourir à une pédale de tremolo classique et d’en ajuster manuellement les réglages (amplitude, vitesse) entre deux notes de guitare. Toutefois, cela manquait un peu de délicatesse (l’amplitude n’augmentait pas assez doucement) et de précision (c’est difficile d’arriver à un tempo exact avec un potentiomètre).

Évidemment, la solution est à la fois plus simple et plus complexe : Purr Data (dérivé de Pure Data dont l’interface est améliorée).

Voici donc la première version d’un effet que je nomme treleom (contraction un peu maladroite de tremolo et teleo, racine grecque pour finalité) :

Le programme propose un tremolo téléologique, c’est-à-dire qu’il s’adapte pour atteindre une amplitude-cible et un tempo-cible sur une durée donnée.

Le projet est, bien sûr, disponible sur Github.

↬ Le hasard fait bien les choses

Je me suis fait un cadeau : la pédale Mini Glitch de The King of Gear.

The King of Gear est un blogue qui est la référence sur le matériel utilisé par Radiohead. Chaque guitare, chaque pédale y est analysée, répertoriée avec la minutie qu’on réservait autrefois aux récits des écritures bibliques. L’auteur de ce blogue raconte que la question qu’on lui pose le plus souvent concerne le solo de Jonny Greenwood à la fin de la pièce Go to Sleep (2003).

La réponse est simple, mais décevante : Jonny a programmé un petit logiciel qui enregistre un extrait de ce qu’il joue pour une durée aléatoire et le répète un nombre aléatoire de fois. Cependant, programmer ce logiciel n’est pas particulièrement facile et jouer de la guitare à travers un ordinateur n’est pas particulièrement pratique. La pédale Mini Glitch permet de reproduire cet effet à l’aide d’un seul petit boitier de métal.

Après m’être amusé un peu avec la pédale, notamment pour l’intégrer à certaines compositions d’Echoes from Jupiter, j’ai pensé à une autre façon d’intégrer le hasard dans la musique que je joue : le tremolo. Je trouve qu’il y a quelque chose de particulièrement intéressant dans un son de guitare passé à travers un fuzz, puis un tremolo agressif.

La première étape était donc, pour moi, de m’inspirer de Jonny Greenwood et d’utiliser une interface de programmation visuelle pour traiter mon son de guitare. J’ai utilisé Pure Data, une interface de programmation similaire à celle utilisée par Jonny (et créée par le même Miller Pluckette, dont je recommande chaudement le livre d’initiation à la musique électronique). Comble de bonheur, un petit projet parallèle à Pure Data, PdParty, offre une application iOS pour exécuter un programme sur un appareil mobile. Le traitement du signal est particulièrement facile avec Pure Data; le plus difficile a été de concevoir l’arithmétique (somme toute simple) permettant d’actionner les effets.

Voici donc la première version de ce que j’appelle le nmodrizaer (randomizer, écrit de façon aléatoire).

Pour l’instant, le programme comporte deux fonctions :

  • Tremolo : Applique une variation aléatoire dont l’amplitude et la fréquence de changement sont réglables.
  • Hachoir : Coupe le signal si la valeur aléatoire (rafraîchie à une fréquence réglable) est supérieure à un seuil réglable.

La réaction de mes amis non-musiciens a été unanime : c’est inécoutable. En soi, ce n’est pas faux, mais dans le contexte d’une pièce musicale, pour ajouter du relief à un passage, ça peut être intéressant.

Le projet est disponible sur Github.

« Est-il trop tôt pour décorer? » →

Une proposition radicale, mais raisonnable de règle sur les décorations de fête.

↬ L'étude des crédits budgétaires comme reflet du contrôle parlementaire

Il y a quelques mois, j’ai choisi de remodeler mon essai de maîtrise pour le publier sous forme de livre électronique. Dans le même ordre d’idée, je me suis dit qu’il ne faudrait que quelques heures de travail pour faire la même chose avec mon essai de stage à la Fondation Jean-Charles-Bonenfant.

Juste à temps pour l’étude des crédits budgétaires 2017-2018, la version électronique est maintenant en ligne (avec, en prime, quelques corrections stylistiques).

Ma volonté reste, contrairement au papier ou à d’autres formats numériques, de rendre l’information qu’il contient accessible de façon actualisable, partageable et pérenne. J’espère y ajouter des chapitres supplémentaires (je reprends la formule de Practical Typography de Matthew Butterick, qui me semble un chef d’œuvre du genre. ). De plus, ce livre est une collection de fichiers HTML statiques auxquels il est facile de faire référence. Finalement, j’ai l’intention de le maintenir à l’adresse http://etudedescredits.fmgagnon.com aussi longtemps que possible.

Un résumé

L’étude des crédits budgétaires en commission, un mécanisme formellement codifié dans le processus budgétaire au Québec, est en fait plus qu’un vestige de la lutte pour un gouvernement responsable. C’est un moment privilégié (en termes de priorité et de ressources) qui nous apprend beaucoup sur le Parlement : la nature du contrôle parlementaire qui y est effectué, l’institution qui l’organise et les parlementaires qui s’y prêtent. Toutefois, en tant que mesure de contrôle, ce processus reste fortement teinté par la répartition du temps de parole, par son caractère annuel et par l’ampleur du mandat.

Cet essai est consacré à évaluer l’étude des crédits budgétaires en commission en tant que mesure de contrôle, particulièrement lorsque comparée avec elle-même dans le temps et l’espace, mais aussi avec les autres mesures de contrôle de l’exécutif par le législatif. Il cherche à préciser et qualifier le contrôle parlementaire qui y est exercé en concluant par les limites qui y sont imposées tant par la procédure que par la tradition.

↬ Prédictions citoyennes

Je publie aujourd’hui une adaptation de l’essai que j’ai présenté à l’Université Laval dans le cadre de ma maîtrise en science politique en 2016. Dans le cadre de ce programme, l’essai vise à démontrer la capacité de l’étudiant à réfléchir de façon scientifique sur une question donnée. Je suis lucide sur ce point : il ne s’agit pas d’un travail de recherche à la fine pointe de la recherche scientifique. Cependant, maintenant qu’il est complété, je crois que cet essai contribue, bien modestement, à la connaissance que nous avons du comportement électoral. Je souhaite donc le partager pour vulgariser une partie de la recherche passée, appuyer des recherches existantes et inspirer des recherches futures.

Publier ce livre sous forme de pages Web me permet, contrairement au papier ou à d’autres formats numériques, de rendre l’information qu’il contient accessible de façon actualisable, partageable et pérenne. Ainsi, après l’essai à proprement parler, des chapitres supplémentaires s’ajouteront (je reprends la formule de Practical Typography de Matthew Butterick, qui me semble un chef d’œuvre du genre. ). De plus, ce livre est une collection de fichiers HTML statiques auxquels il est facile de faire référence. Finalement, j’ai l’intention de le maintenir à l’adresse http://predictionscitoyennes.fmgagnon.com aussi longtemps que possible.

Mes conclusions, en quelques mots

Des facteurs cognitifs (internes et externes) et des facteurs affectifs influencent la prédiction d’un citoyen sur l’issue d’une campagne électorale. Respectivement, les analyses graphiques et statistiques ci-haut suggèrent que la sophistication politique, l’information accessible, l’identification partisane et l’intérêt pour la politique ont un effet sur la formulation de ces prédictions.

Plus précisément, l’identification partisane semble isolément avoir un effet : l’identification d’un répondant à un parti le pousse à formuler une prédiction plus optimiste qui se manifeste de deux façons, soit par une surestimation des chances de victoire de son parti préféré ou par une sous-estimation des chances de ses adversaires. Cette différence entre la prédiction des partisans et des autres répondants s’amenuise toutefois avec une plus forte sophistication politique.

D’un point de vue « externe », l’effet des sondages semble être de favoriser le parti qui mène dans le sondage le plus récent, ce qui est accentué par un plus grand intérêt du répondant pour la politique. L’interaction la plus notable est celle entre le vainqueur local de la dernière élection et l’intérêt d’un répondant pour la politique. En effet, l’intérêt d’un répondant n’influence la prédiction à la hausse que si le parti en question a remporté la dernière élection locale. Même s’il s’agit d’une information extrêmement rudimentaire, elle permet de supporter un lien entre un certain intérêt (si minime soit-il) et l’assimilation de l’information disponible au sujet du paysage électoral.

La principale conclusion à tirer des constats exposés plus haut est que les prédictions des électeurs sont soumises à de réels biais : même si les concepts de vote tactique et d’examen stratégique laissent entendre un calcul rationnel et froid, ce calcul n’est rationnel que dans la mesure où l’évaluation des forces en présence peut l’être. Alors que certains de ces biais ne peuvent être contournés, comme la sophistication ou l’identification partisane, l’influence des sondages soulève une question éthique dans le domaine des médias.

De plus, l’effet de ces biais laisse entrevoir une interaction supplémentaire entre les facteurs d’influence. Par exemple, peut-on parfaitement évaluer l’effet de l’identification partisane ? Si celle-ci a un effet sur l’intention de vote des électeurs, qui a elle-même un effet sur leur prédiction, le biais en vient à agir à deux niveaux. Il en est de même pour l’intérêt envers la politique, qui peut agir sur la propension à s’identifier à un parti politique et sur l’éducation politique d’un électeur.

Finalement, le cadre théorique du vote tactique implique que les prédictions sont conjuguées aux préférences des électeurs. Il faut donc garder en tête que les constats présentés ci-haut ne représentent qu’une légère part du mécanisme qui guide un électeur dans la formulation d’une prédiction électorale, et à plus forte raison son choix dans l’isoloir.