La Politique dans le sang →
2014-05-06Pour ceux qui sont versés dans les sciences sociales, la Suède est reconnue pour l’exhaustivité de ses bases de données gouvernementales. Un bel exemple est fourni dans un article des politologues américain et suédois David Cesarini, Magnus Johannesson et Sven Oskarsson. Les chercheurs présentent une méthodologie qui, selon eux, peut ouvrir la porte à une plus grande attention des facteurs biologiques en science politique : ils ont croisé les données de l’agence chargée de la gestion des adoptions avec les listes électorales afin de déterminer s’il existait un lien entre la participation électorale des parents biologiques, celle des parents adoptifs et celle de leurs enfants.
Comme le soulignent les auteurs, le modèle suédois d’adoption fournit une occasion en or pour ce genre d’études : dans la majorité des cas, l’agence responsable cherchait à faire coïncider les caractéristiques socio-économiques et cognitives des parents biologiques et adoptifs afin d’assurer l’intégration des enfants. Ainsi, une flopée de facteurs peuvent être retirés de l’analyse.
Le texte est disponible en ligne et est rédigé dans un style relativement compréhensible, mais la phrase-clé pourrait être celle-ci :
Holding rearing mothers voting status constant, the probability that the adopted child voted is 4.4 percentage points greater if the biological mother voted (p-value = 0.02).
On pose l’hypothèse qu’il existe un lien entre les habitudes de vote des parents et celles des enfants. Or, ce lien existerait tant lorsque le lien de parenté est adoptif (donc transmis par la culture) que biologique (nature).
Bien sûr, il ne faut pas sauter aux conclusions et en déduire qu’il existe un «gène de l’abstention» : comme le mentionnent Cesarini, Johannesson et Oskarsson, cette recherche offre avant tout de nouveaux chemins à explorer dans le domaine de la science politique.